Sacha Lehne – Artiste Tatoueur

Sacha Lehne – Artiste Tatoueur + interview

 

 

Tatoueur et artiste peintre, je diversifie et décline mes productions en merchandising manufacture en petites séries.

 

 

NOTRE INTERVIEW

 

Bonjour Sacha, merci d’être présent aujourd’hui pour cette interview.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

S : je m’appelle Sacha Lehne, je suis tatoueur depuis 30 ans. Je suis également peintre et artiste « subculturel ».

 

 

Quel est votre objectif professionnel ?

S : mon objectif est de survivre dans la société en faisant le métier que j’aime, avec le minimum de concessions. Je vis de mon art depuis que j’ai commencé, cela m’a permis de voyager à travers le monde, de rencontrer des personnes extraordinaires et d’avoir une certaine liberté.

 

D’accord, et comment avez-vous débuté dans le milieu ?

S : il y a 30 ans, il n’y avait aucune structure académique pour cette pratique. Le tatouage ne touchait en France qu’une certaine classe de la population, c’est ce qui m’attirait dans le tatouage.

 

Comment est née cette passion pour le tatouage ?

S : J’en avais besoin sur mon corps et je me suis fait tatouer à Strasbourg par Guy Peuckert (tatouage artistique chez Hélène) et me suis ensuite lancé tout seul. L’inadaptation sociale fait qu’on trouve des solutions/échappatoires à ce qui est proposé dans la société. L’art était la seule manière d’envisager un futur.

L’art est un très bon moyen de devenir quelqu’un et de trouver un sens à la vie alors que le néo-libéralisme propose plutôt l’accumulation de biens matériels et d’argent.

 

L’argent n’était pas votre seule motivation ?

S : Malheureusement, l’argent est le seul outil qui fonctionne dans notre société, mais je ne crois pas que cela puisse être une motivation ou une fin en soi. Il contribue à subsister mais ne peut pas rendre heureux complètement. Tu peux t’épanouir dans une passion mais pas réellement dans l’argent. Lorsque cela devient professionnel, et que tu arrives à en vivre c’est fantastique.

 

Par rapport à il y a 30 ans, le monde du tatouage a-t-il changé ?

S : Extrêmement. Le tatouage est beaucoup plus facile d’accès et c’est devenu assez « mainstream ». Cependant il attribue toujours une aussi grande liberté.

La maitrise du métier de tatoueur est de parvenir à poser une image dans le corps d’un individu qui va perdurer 60 ans. Le « tatouage est garanti 6 mois après la mort ».

 

 

En tant qu’artiste, quel est votre objectif ?

S :  Montrer l’art du tatouage, transmettre les codes d’écriture, partager les travaux picturaux et les recherches des tatoueurs effectuées avant le tatouage, et non leurs réalisations dans la peau, aquarelles sur papier communément appelées flash. Fabriquer et composer des images prétendument intemporelles constitue l’essence de ce travail.

Il faut pour les tatoueurs une reconnaissance artistique. Je pense qu’il est injuste que le tatouage soit négligé de la sorte alors qu’il est présent dans toutes les civilisations depuis toujours (juridiquement en France, les tatoueurs ne sont pas reconnus comme des artistes).

En tant qu’artiste « subculturel » je n’ai jamais voulu faire partie de la société. Je suis aussi tatoueur pour refléter un dysfonctionnement de notre système et de ses valeurs.

 

C’est une sorte de rébellion ?

S : Oui, comme tout courant artistique incontournable il est le fruit d’une dissidence.

Aujourd’hui j’ai l’impression que certains jeunes veulent plutôt être inclus dans cette société au lieu de vouloir éradiquer ses incohérences. Comme s’ils suivaient le diktat de l’argent et se conformaient à la société malgré leurs inadaptation.

 

Vous travaillez sur différents projets avec différentes techniques, pouvez-vous nous en parler en détail ?

S : je peins, tatoue et édite dans une démarche de transmission. Actuellement, je travaille sur un autre livre d’un tatoueur mulhousien, Pepone, décédé en 1982. Cela permettra à des artistes contemporains de fabriquer de nouvelles images. C’est ça l’art en quelque sorte : s’inspirer du passé et de la tradition pour essayer de créer quelque chose d’intemporel.

 

 

Et comment décrieriez-vous votre style ?

S : « L’abstraction primitive ». Il n’y a pas de narration, si je veux transmettre un message je l’écris. Ce que je fais c’est une recherche d’équilibre plastique au travers de la figuration qui privilégie le groove, l’impact visuel brutal sans compromis et la lecture à distance. L’influence de l’iconographie du tatouage traditionnel électrique est perceptible.

 

Le tatouage a-t-il par conséquent un rôle d’émancipation dans la culture contemporaine ?

S : Oui, même si le tatouage est aussi devenu un produit de consommation, c’est surtout l’expression de sa propre liberté.

 

Le tatouage a-t-il un rôle politique ?

S : La renaissance du tatouage traditionnel électrique (70s) est issue de la « subculture ». Auparavant (1900-1950), le tatouage été un art populaire prospère dans le monde. Le puritanisme a toujours considéré cette activité comme étant sauvage. Par exemple, aux Etats-Unis fin 1950, les GI’s ne pouvaient plus se faire tatouer, à New York, les studios de tatouages furent également interdits.

Ceux qui refusèrent ces interdictions le plus souvent étaient des insoumis (tatouage traditionnel japonais). C’est aussi pour cela qu’aujourd’hui certains associent le tatouage avec une forme de criminalité.

 

 

Quels sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confronté au quotidien ?

S : C’est toujours délicat pour un artiste de vivre de son art car il est difficile de faire des concessions séduisantes sinon ce n’est plus de l’art mais du commerce. La subversivité vendue aujourd’hui dans l’art contemporain, est souvent l’oeuvre d’artistes décédés. La loi du marché ne peux pas s’appliquer à la production artistique.

 

Quels sont les artistes ou mouvements artistiques qui vous inspirent ?

S : Otto dix, Fernand Léger, Christian Warlich, Brooklyn Joe Lieber…

Concernant la peinture moderne, je pense que tous les mouvements artistiques incontournables sont le fruit de la «subculture». Par exemple, l’impressionnisme à son époque représentait une fracture avec l’académisme et le « bon goût ».  Au départ ce genre de mouvement n’étaient pas reconnu. C’est le fruit d’un combat artistique, ils ont exprimé leur liberté.

Cependant, il n’y a pas que cet aspect politique, c’est avant-tout un vrai sens à sa vie d’exercer cette passion.

 

Et quelles sont les réalisations dont vous êtes le plus fier ?

S : je dirais celles qui sont à venir. Mais sinon je suis très content de mes deux livres qui sortiront prochainement. L’avantage de ce travail est qu’il n’y a pas de limites dans la recherche picturale.

 

Avez-vous des projets futurs que vous aimeriez partager ?

S : Il y aura un évènement subculturel en 2025 en partenariat avec l’association Touch-arts. Ça sera une exposition éphémère avec des artistes (tatoueurs, plasticiens, musiciens etc.).

 

Avez-vous des conseils pour les gens qui aimerait se lancer dans le tatouage ou dans l’art en général ?

S : Mon conseil c’est que tout est possible dans la vie si on s’en donne les moyens. Se concentrer sur ses objectifs et ne pas s’éloigner de ses convictions, se battre pour ses rêves sans concessions.

 

D’accord, merci beaucoup pour ces réponses. Avant de conclure, y a-t-il quelque chose que vous aimeriez ajouter ?

S : je suis convaincu que l’art du flash antique ou moderne a sa place dans le milieu de l’art contemporain. L’académisme est hermétique à l’art du tatouage de la même manière que l’impressionnisme, l’expressionnisme, le cubisme, la photographie, la vidéo l’ont été en leur temps.

J’aimerais représenter le travail de mes contemporains dans le milieu de l’art, et qu’il figure à juste titre dans l’histoire de l’art.

 

 

 

 

« Tatoueur et artiste, Sacha Lehné – qui avait ouvert le salon de tatouage Primitive Abstract en 1994 rue des Pucelles à Strasbourg – avait quitté la ville en 2010, pour échapper à une mentalité jugée vénéneuse. Après plus de dix ans à Oslo, la France s’est imposée : prendre les choses en main et « répandre son venin » par l’art. (…)   Il aime l’imagerie traditionnelle pour ce qu’elle raconte de la place du tatouage et parce qu’elle remet en question la société et ses normes : la pègre, les marins, les bikers, les punks. Les sous-cultures le passionnent ; et pour ce que Sacha en sait : c’est sans doute des marges qu’on observe mieux la société, et en un sens, qu’on la met à distance pour mieux la balancer. Il revendique une position politique. »
(source)

 

 

C’est aussi :

– Images sur bois couvert de résine epoxy, ce sont comme des tatouages – pour votre intérieur.

– Sweat shirt et tshirt imprime par mes soins, a la piece de motifs  subculturel, de slogans anarchiste et de messages d’amour.

– Prints grand format 100X70, séries limites 30-100 ex, déclinaisons de  mes aquarelles originales.

 

Pour le retrouver :

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