Nobilta – Mode + Interview
Nobilta est une marque faite main à Strasbourg par Clémence, la créatrice. Elle prône les valeurs de la durabilité, l’écoresponsabilité et l’inclusivité.
Nobilta est durable parce que Clémence sort une petite collection de pièces uniques par an et privilégie les matières nobles, c’est-à-dire les matières naturelles comme le coton, le lin, la soie, le cuir.
Nobilta est écoresponsable car les tissus proviennent de vêtements de seconde main tachés, abîmés ou très démodés ; ils peuvent aussi être issus des invendus d’usines textiles.
Par ailleurs, la créatrice conserve les chutes pour en faire des accessoires, comme des chouchou ou des fleurs à nouer autour du cou.
Nobilta est inclusive parce que Clémence souhaite ouvrir la mode à la diversité du monde. D’une part, au sein de ses collections, elle fait au mieux pour que les pièces uniques offrent un large choix de tailles.
D’autre part, elle propose du sur-mesure afin que le vêtement s’adapte à votre morphologie, vos goûts, vos besoins.
Pour la retrouver :
– Site : https://nobiltacreation.com/
– Instagram : https://www.instagram.com/nobiltacouture/
INTERVIEW NOBILTA
Bonjour Clémence ! Est-ce que tu peux te présenter rapidement, s’il te plaît ?
Oui ! Alors, je m’appelle Clémence, j’ai 30 ans. J’ai créé ma marque il y a un an, mais je fais de la couture depuis trois ans. En fait, je me suis mise à la couture pendant le premier confinement. Ça fait très longtemps que je m’intéresse à la mode : au début, j’achetais n’importe comment, c’est-à-dire que j’achetais très souvent dans les marques de fast-fashion. Un jour, quelqu’un m’a fait la réflexion que si j’avais des idées écologiques, ce serait bien de les mettre en action justement, même dans ma consommation de vêtements. Même si ça ne m’a pas fait plaisir sur le moment, ça m’a permis de réfléchir. J’ai d’abord créé un compte pour parler de mode de seconde main, vintage, et un peu de couture.
Aujourd’hui, nous sommes là pour parler de ta marque de prêt-à-porter Nobilta, que tu as créée. Peux-tu nous dire d’où vient le nom, d’où t’est venue l’idée, comment tu en es venue à te dire « et si je lançais une marque de prêt-à-porter » ?
Ça faisait plusieurs mois, voire années, qu’une copine d’Instagram qui avait une friperie me faisait des compliments sur mes créations que je partageais sur mes réseaux sociaux. Elle me demandait : « pourquoi est-ce que tu ne créerais pas ta marque ? » etc. Un jour, on a fait une mini collection ensemble avec des pièces de sa friperie (des chemises de nuit en coton) que j’ai upcyclées. Cela m’a beaucoup plu. Elle a par la suite réinsisté pour que je lance ma propre marque et c’est à ce moment-là que j’ai eu le déclic et que je me suis dit « allez, je me lance ». En revanche, il fallait absolument trouver quelque chose qui me ressemble et me permette de me démarquer face aux nombreuses autres marques de seconde main, éthiques et écoresponsables. L’idée a été de se concentrer uniquement sur les matières nobles (matières naturelles) : le coton, le lin, la soie et le cuir. C’est pour cela que j’ai décidé d’appeler ma marque « Nobilta », qui signifie « noblesse » en italien.
Quelles sont les valeurs que tu souhaites transmettre à travers Nobilta ?
Les valeurs que je souhaite transmettre sont l’écologie, l’écoresponsabilité, le fait aussi qu’un vêtement acheté doit être le résultat d’une prise de conscience lors de l’achat. On doit prendre le temps de désirer le vêtement, puis de faire la démarche pour l’acheter. Je n’ai pas envie de mettre la pression à mes potentielles clientèles, je veux que leur achat dans ma boutique soit le résultat d’une réflexion et non d’une pulsion. J’aimerais également rendre ma marque plus inclusive et l’ouvrir à une clientèle diversifiée en termes de morphologie mais aussi aux personnes en situation de handicap. J’ai eu l’occasion de discuter avec une femme qui travaille avec des personnes en situation de handicap et qui avait organisé cet été un défilé avec ces dernières, en leur faisant porter des vêtements très raffinés, très élégants. C’est quelque chose que l’on voit peu aujourd’hui, c’est pourquoi j’aimerais ouvrir la mode à la diversité du monde, quelle qu’elle soit.
Ta marque s’adresse-t-elle seulement aux femmes, ou également aux hommes ?
Pour le moment, ma marque s’adresse uniquement aux femmes, mais l’ouvrir potentiellement aux hommes fait partie des envies que j’ai concernant l’évolution de mes créations.
Peux-tu nous décrire le processus de création de tes collections, comment est-ce que tu trouves l’idée, puis crées le vêtement jusqu’à le voir porté en défilé par exemple ?
Tout d’abord, je pense à un thème de collection, inspiré par la saison. Ensuite, tout dépend de mes envies du moment, de l’état d’esprit dans lequel je suis, des couleurs qui m’attirent, etc. Pour s’appuyer sur un exemple concret, ma dernière collection est inspirée par l’été. J’avais envie de shooter la collection avec des couleurs qui envoient, des couleurs pétantes qui apportent de la bonne humeur et de la joie. Je voulais aussi des mélanges de teintes : j’adore les associations telles que le rouge et le rose. Je suis partie de cette idée-là en y ajoutant celles de la liberté et du bien-être. C’est pour ça qu’il y a moins de corset dans cette collection que dans la précédente. Je pars d’une idée générale, puis les tissus que je trouve m’aident à préciser mon idée, la modeler. C’est comme un chemin, une spirale. Je passe aussi beaucoup de temps sur Pinterest pour chercher l’inspiration.
Tu m’as dit qu’il y avait beaucoup de concurrence à Strasbourg : comment fais-tu pour t’adapter à cette évolution de la mode textile ?
La mode écoresponsable et la seconde main sont certes des arguments marketing, mais ce ne sont pas des modes de consommation adoptés par tout le monde, peut-être que, justement, le terme de « mode écoresponsable », avec ce qu’on se représente, peut faire peur.
Est-ce que tu le ressens ou pas du tout ?
Lorsqu’on parle de mode écoresponsable, on peut penser que la plupart des marques font des articles un peu basiques. Cela vient aussi d’une forme de désinformation des gens, qui ne s’intéressent pas forcément à ce nouveau mode de consommation. En plus, on voit peu d’articles upcyclés en défilé, et ce n’est souvent pas présenté comme tel. Pour ma part, je mets en avant le fait que mes créations sont écoresponsables parce que c’est vraiment la valeur phare de la marque.
C’est comme cela que tu te démarques aussi, en faisant des défilés de mode avec des vêtements upcyclés. De nos jours, peu de gens font la même chose.
Oui, et puis cela permet aussi d’insister sur le fait que ce soit des matières naturelles.
Est-ce que tu as déjà collaboré avec d’autres créateurs ?
Non, cela ne m’est encore jamais arrivé, mais c’est sans doute lié au fait que ma marque est récente. J’en avais discuté avec une amie artiste : elle m’avait proposé de dessiner sur du tissu avec du matériel waterproof. On n’en a pas reparlé depuis, mais c’est une idée que je garde en tête. Cela pourrait me permettre de créer des dessins, des motifs qui seraient totalement originaux et qu’on ne pourrait pas reproduire. Cela me permettrait également de mettre en valeur son travail.
Aujourd’hui, est-ce que tu as des artistes, des créateurs avec qui tu aimerais collaborer ?
J’ai par exemple collaboré avec la danseuse Julie Person lors défilé à The People à Strasbourg, avec qui j’aimerais bien recollaborer. Je trouve cela vraiment génial, lors des défilés, d’apporter une petite touche différente, artistique, que ce soit par la danse ou même par la musique. Mon frère fait du hautbois et du piano, il m’avait proposé de jouer lors du défilé mais comme il ne vit pas à Strasbourg, c’était un peu compliqué. Mais oui, pourquoi pas faire intervenir différents artistes lors des défilés, cela ajoute un petit truc en plus et permet de casser le rythme.
Sur quels réseaux sociaux peut-on te retrouver ?
Il y a mon Instagram (@nobiltacouture), je suis un peu sur TikTok et Facebook aussi, toujours avec le pseudo @nobiltacouture. J’ai aussi un site internet nobiltacreation.com
As-tu une anecdote ou un retour client qui a été particulièrement marquant pour toi et que tu souhaites nous partager ?
L’anecdote se déroule dans le cadre de la fashion week de l’EM Strasbourg, l’école de commerce. C’était mon deuxième défilé et j’ai dû créer les vêtements jusqu’à la dernière minute, notamment la robe rose avec une sorte de fleur rouge sur la poitrine. À l’origine, je voulais faire une robe beaucoup plus simple, avec juste une ouverture en forme de fleur, une sorte de cut-out au niveau du décolleté. Sauf que, comme j’ai créé cette robe un peu dans la panique, j’ai fait une erreur et j’ai fait l’ouverture beaucoup trop grande… Il fallait que je rattrape cette erreur. Il me restait des chutes de soie rouge de l’ensemble Maili alors j’ai pensé que je pourrais les positionner pour couvrir la poitrine et créer des sortes de pétales. Finalement, je suis bien contente d’avoir fait cette erreur parce que la robe est beaucoup mieux que ce que j’avais en tête à l’origine. Je l’adore, et elle plaît beaucoup en général aussi.
Parfois, il y a de belles choses qui naissent des erreurs. Par exemple, la tarte Tatin est née d’une erreur aussi (rires).
Merci à toi pour cette interview, à bientôt !
Pour la retrouver :
– Site : https://nobiltacreation.com/
– Instagram : https://www.instagram.com/nobiltacouture/