Comment fixer ses prix quand on est créateur artisan ou artiste ?

Fixer ses prix est l’un des défis majeurs lorsqu’on se lance en tant qu’artiste, artisan ou créateur.
Entre la valeur du savoir-faire, le temps passé, les matériaux utilisés et les charges à anticiper, il n’est pas toujours simple de trouver le juste équilibre.

Il ne s’agit pas seulement de “faire un prix au feeling” ou de rester moins cher que les autres. Il s’agit surtout de valoriser votre travail de manière professionnelle, tout en construisant une activité viable à long terme.

Dans cet article, nous vous guidons pas à pas pour établir un tarif juste, cohérent et réaliste, en tenant compte de tous les éléments essentiels : le temps de travail, les coûts de production, les charges, …

Votre tarif ne couvre pas uniquement l’objet ou l’œuvre finie. Il doit intégrer :

• Votre temps de travail (création, gestion, communication, …)
• Vos charges (URSSAF, impôts, assurances, …)
• Vos coûts fixes et variables (atelier, matériel, outils)
• Votre marge pour générer du revenu et réinvestir
• Les commissions éventuelles (Marketplaces, galeries, boutiques)

1. Calculer le prix global (et pas seulement le temps de création)

On pense souvent à la durée de fabrication… mais rarement à tout ce qu’il y a autour !

• Création de l’œuvre (Temps de fabrication, matériel associé,…)
• Amortissement et préparation du matériel (Nettoyage, installation, …)
• Photos, mise en ligne (Temps pour retouches, Description, Article, …)
• Communication (Mails, devis, réseaux sociaux)
• Emballage et expédition (Préparation des colis, étiquetage)
• Déplacements vers (Salons, marchés,…) (Trajets, installation de stand)
• Promotion de son activité (Site, Réseaux Sociaux, carte de visite, événement, …)

2. Faire une liste précise de ce qui est utilisé pour chaque création :

• Matières premières (tissus, bois, peinture, fil, …)
• Les fournitures (colle, électricité, eau, gaz, encre, …)
• Emballage (boîtes, papier de soie, étiquettes, sticker, …)
• Usure des Outils  (pinceaux, lames, aiguilles, four, …)

Ne pas oublier les charges sociales, fiscales et administratives !
Tout dépend du statut de l’entreprise (auto-entrepreneur, artiste, artisan, société etc, …)

– Auto-entrepreneur :

• Environ 22 % de votre chiffre d’affaires pour les cotisations sociales (vente ou service)
• Exonération de TVA si vous êtes en franchise de base (jusqu’à un certain plafond)
• Pas de charges si vous ne vendez rien, mais attention au cumul !

– Artiste :

Si vous êtes considéré comme artiste-auteur (graphiste, illustrateur, céramiste produisant des pièces uniques…), vous pouvez relever du régime des artistes auteurs, à condition que votre activité soit reconnue comme relevant de la création d’œuvres originales.

• Vous paierais autour de 17 % de cotisations sociales (sur le bénéfice ou le revenu brut selon le cas).
• Vous pouvez bénéficier de droits d’auteur, mais pas dans tous les cas
• Vous devez déclarer vos revenus en bénéfices non commerciaux
• TVA applicable au-delà d’un certain seuil.

ATTENTION ⚠️ Ce statut n’est pas compatible avec toutes les formes de création : il exclut les activités de reproduction, de design industriel ou les travaux de commande artisanale sans dimension artistique.

– Artisans en entreprise individuelle :

Adopté par des professionnels en activité à plein temps, avec des revenus plus élevés

Avantages :
– Vous pouvez déduire vos frais réels (achats de matière, local, déplacements, …).
– Cela permet un calcul plus juste du bénéfice imposable.

Inconvénients :

• Comptabilité plus complexe (livre journal, bilan, …).
• Déclaration de TVA obligatoire au-delà des seuils.
• Charges sociales plus élevées (jusqu’à 45 % du bénéfice net).

3. Anticiper les commissions, frais de vente ou intermédiaires.

Vous vendez sur Etsy, dans une galerie, un salon ou une boutique ? Vous devrez souvent verser une commission de 10 % à 50 %.

Canaux de vente commission moyenne:
– Etsy: 10-15 %
– Galerie d’art: 30 à 50 %
– Boutiques de créateur: 10 à 40 %
– Marchés/Salons:  Pas de commissions car frais d’emplacement à régler. Coût de stand variable en fonction de la notoriété de l’évènement (varie de 15 € à plus de 1000€)

4. Prévoir une marge adaptée. Ce n’est pas “du vol”, c’est le prix de la diffusion!

La marge bénéficiaire est ce qui permet :

• De payer des imprévus
• De dégager un vrai revenu
• De réinvestir (nouveau matériel, formation, …).

Un prix sans marge = un travail à perte.

5. Se Positionner dans le marché

• Analyser les prix des créateurs ayant un niveau ou une clientèle proche.
• Regarder ce que les concurrents proposent en termes de finition, rareté, image de marque, …
• Être cohérent, mais confiant : si votre travail est unique et bien présenté, le prix est légitime !

💡 Éviter de baisser les prix “par peur de ne pas vendre” : c’est plus contre-productif que vous ne le pensez.

6. En conclusion

• Fixer vos prix ne se résume pas à mettre un chiffre au hasard, ou à faire comme les autres. C’est un acte stratégique et surtout une preuve de respect pour votre temps, votre savoir-faire et votre engagement.   N’aillez pas peur de valoriser ce que vous créez. Un tarif juste, cohérent et assumé c’est ce qui vous permettra de bâtir une activité solide, rentable et fidèle à vos valeurs.